L'invention de la photographie


A n’en pas douter, les réalisations avérées de Nicéphore Niépce encore conservées partiellement aujourd’hui permettent d’affirmer qu’il est le premier à énoncer le principe général de la photographie, et surtout, à obtenir des réussites pratiques dans ce domaine.

Niépce a ainsi énoncé les principes de ce que sera la photographie : « fixer les images des objets par l’action de la lumière » (Notice de Kew, 1827) ou encore « moyens de fixer spontanément, par l’action de la lumière, les images reçues dans la chambre noire » (Titre envisagé pour un ouvrage projeté en 1829).

 

L'exploitation de la photosensibilité

Les recherches de Niépce sont basées sur le constat des effets de la lumière sur certaines substances qualifiées de « photosensibles ». Ces substances subissent  par impact de lumière une modification d’une ou plusieurs de leurs propriétés (durcissement, insolubilisation dans leur solvant habituel, changement de couleur, noircissement).

 

L'héliographie

Un principe expérimental ne constitue une invention que s’il est accompagné de réalisations tangibles. Les productions indéniables de Niépce en 1826 et 1827, qu’il nomme du terme générique Héliographie, sont de nature pleinement photographique et lui confèrent le statut d'inventeur. L'héliographie,développée par écrit en 1827 et 1829, s'intègre ensuite dans les échanges entre Niépce et Daguerre qui font l'objet d'un contrat d'association.

Le décès soudain de Niépce en 1833 masque la réalité de son apport personnel dans les travaux communs, qui qui sont poursuivis et améliorés par Daguerre,  jusqu'à que son procédé « daguerréotype » soit proclamé officiellement en août 1839 (toujours dans le cadre du contrat passé avec Niépce, reporté par son fils Isidore).

Parallèlement, les travaux de l’anglais W.H. Fox Talbot, également datés de 1839-1840, ont donné naissance à l’usage du « négatif» sur papier, produit dans la chambre noire. Les réalisations d’Hippolyte Bayard  en 1839, nommées « positifs directs » constituent également un procédé photographique.

Ces faits et pratiques historiques ont ainsi confusément constitué « l’invention de la photographie » en autant d’étapes et de procédés qui vont se diversifier davantage encore par la suite (négatif collodion sur verre, gélatino-bromure d’argent).

L’achat par le gouvernement français du procédé daguerréotype, et la diffusion universelle qui s'ensuit, a occulté l’antériorité et le rôle de l’inventeur Niépce, directement à l’origine des développements de Daguerre.

Antériorité et pertinence des conceptions de Niépce sont cependant manifestes : il travaille à cette invention de 1816 à sa mort en 1833 (cf. chronologie de l'invention), et sa disparition précoce, qui entraîne l'oubli de ses réalisations, est certainement responsable de son occultation temporaire.